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frouchetouloumes
22 janvier 2011

La troisième etc

Nous ne sommes plus que quatre enfants depuis 30 ans. Elle est morte l'année de la naissance de mon petit. Je n'ai jamais eu la mémoire des dates. Si j'hésite parfois sur le jour, je ne peux oublier l'âge de sa mort. Plus tard, je saurai parler d'elle. Je l'ai beaucoup aimée.  La douleur s'est affadie avec le temps. Longtemps, j'ai tenté de ranimer la flamme du chagrin pour ne pas la perdre complètement. Comme si les larmes étaient le dernier lien. Mes pleurs se sont espacés. J'ai oublié qu'à l'époque de sa mort, elle était mon quotidien. Il me reste la sensation de la peau de ses mains: rugueuses, le bout des doigts abimés. Elle travaillait avec ses mains. Il me reste aussi une robe noire improbable, une longue tunique très ample et colorée, des photos cachées dans des cartons d'archive. Bien rangées. Je n'ai jamais pu l'exposer au grand jour. Aujourd'hui, nous sommes quatre vieux enfants, orphelins depuis peu. Et nous sommes totalement désemparés face à un ainé qui a dévissé. J'ai quitté le navire. Laissant "les plus grands" prendre le relais. Moi, j'ai juste mis le feu au poudre en lui envoyant un mail un peu doux il y a quelques semaines. J'ai ouvert la porte. Il a demandé pardon, écrit ses chagrins, ses faiblesses. Mais nous avons été tellement manipulés, il a fait tant de mal... nous avons perdu notre virginité. Nous doutons de tout, même de sa souffrance. Et ce doute est insupportable. Nous nous débattons entre maladie et culpabilité. Enfin, nous... lui surtout, le second. J'aimerai tant lui dire non. Mais je suis tétanisée. Le souffle coupé. 

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Commentaires
F
J'ai eu longtemps le culte de la famille... L'étau se desserre un peu depuis la mort de nos parents. Mais je ne saurai vivre sans les aimer. Bonne journée
C
Waouh ! Quelle force ce texte.<br /> J'ai un peu plus de trente ans et je ne cesse de vouloir détricoter les liens familiaux, pesants, annihilants, étouffants. Mais ils ne cessent de me rattraper.<br /> N'est-on pas toujours ramené vers les siens d'ailleurs... ?
F
Elle ne disparait pas finalement... Nous l'intégrons à notre quotidien. Nous sommes des handicapés et nous apprenons à vivre avec ce membre amputé. Bonne soirée...
C
C'est peut être le pire quand on perd un être aimé : savoir qu'un jour la douleur disparaitra.
frouchetouloumes
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