Entre deux étages
Les pieds pris au piège de mes glus, je suis bloquée entre deux étages. Si je n'étais pas moi, je me dirais comme ça: "Ok, t'es du genre hésitante, tu balances en permanence mais là faut se déterminer. Tu vas pas rester comme ça au seuil de la guérison. Tu rentres ou tu sors."
J'ai gardé de ces années mortes l'empreinte de la dépression, une sorte de mauvais pli incurable; un épi rebelle. A intervalles réguliers, un programme malveillant relance la bête. On est loin, très loin , de la douleur à hurler qui me m'a retenue dans la chambre du haut. Parfois je rechute un jour, une semaine, un mois. Assez souvent en fait. Je retrouve alors les habitudes de la maladie: l'apathie, la fatigue, la panique, le doute... Depuis des jours, je tourne autour d'un texte commandé il y a plus d'un mois. Je l'évite, j'en ai peur. J'oublie tout ce que je lis. J'y retourne, et j'hésite des heures entières. Après je renonce, je reporte à plus tard et j'allonge le temps de mes angoisses. Mon cerveau ne répond plus.