J'aurais jamais dû me pencher
Je me suis cassée la gueule. Un faux pas, un gravillon sur un pavé du Vatican. C'est la chute. Du 7ème ciel, on le sent passer. J'en bave trois ronds de chapeau. Je n'ai rien vu venir ni ta colère, ni ma peine et encore moins la sidération des jours suivants le retour. Forcément. J'étais sur un nuage, d'humeur aérienne, trés ensoleillée. Le temps était bleu. Cinq jours à Rome, en peau à peau. Comment veux-tu, comment veux-tu penser au pire quand tout va pour le mieux ? En guise d'épilogue, tu m'as offert une leçon de morale un peu tonitruante. C'est venu comme un cheveu sur la soupe. Le boulot a bon dos. Comme je n'entendais pas ta colère, trop affairée à me réjouir de tous ces beaux souvenirs, tu as parlé un peu plus fort.
Un trop plein de curés, un mot malheureux, la prix du Parmesan, une adresse fouareuse, une pipe baclé ou rentrée? Tu l'as trouvé ton motif de contrariété. Note que tu n'es jamais en reste quand il s'agit de tout foirer. Ou ? quoi ? comment ? J'ai rien vu, j'vous dis. A croire que j'y étais pas. A croire qu'on n'a pas voyagé ensemble. A force de me soigner, je suis presque guérie. J'AI ADORE ROME. TU COMPRENDS ? T'ENDENDS? j'AI ADORE notre voyage à ROME. Pas étonnant d'ailleurs, tu as tout fait pour me plaire: drôle, charmant, tendre, attendrissant, léger, rieur, généreux. Tu as saboté le dernier jour comme un gosse qui casse un nouveau jouet parce qu'il n'a pas trouvé d'autres moyens de faire payer sa mère. Quand nous nous sommes réveillés vendredi matin. Il y avait de l'électricité dans l'air. Le chagrin m'est monté aux yeux. J'ai repoussé l'assaut d'une impression désagréable. Tu as embrassé ma joue à la table du petit déjeuner. Sans doute parce que mes craintes matinales étaient fondées.
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