Poids lourds
Hier j'ai enfilé le joli tee-shirt BensimEon. Deux heures plus tard, à force de larmes aux yeux, je l'ai oté un peu brusquement avant de le glisser dans le couloir de la poubelle: un grand trou dégoûtant qui descend au moins 1. J'avais l'impression de porter mon chagrin à même la peau. Un peu beige, un peu vert... uni et indéfini, il n'avait rien d'exceptionnel ce tee-shirt, il était l'un de mes plus beaux souvenirs de toi.
Tu me l'avais offert l'année dernière, en passant en Provence, sur la route de l'Italie. Nous préparions le grand vide grenier. Tine nous avait rejoints... C'était une histoire de filles. Toi, tu emmenais tes enfants en vacances. Tout y est passé: j'ai vendu ma maison, mes meubles, mes fringues, mes bijoux, pour ne garder que l'essentiel et arriver légère, libérée et bienheureuse dans notre vie commune. Les objets m'encombraient, pire ils m'envoyaient au fond et j'avais décidé de retrouver la vie à l'air libre.
Tu es arrivé un petit paquet à la main... Ce tee-shirt, je ne l'aurais jamais choisi mais j'adorais ton geste, l'idée de ce détour par le Bourg pour trouver un cadeau. Je me souviens de ton air attendri.
L'échape rouge a disparu, il y a quelques jours, avec les premiers froids de Paris. Elle est partie toute seule ou oubliée peut être sur un banc, dans un casier de piscine, la cabine du dernier essayage. Elle était ton tout premier cadeau, ou le second peut être: une belle étole de cashmer coquelicot que tu étais allé chercher vite fait bien fait au magasin alors qu'au téléphone on me racontait que ma maison dans le Sud avait encore pris l'eau. Tu voulais me tenir chaud.
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