Trop tard

Porte close bien sûr. Les retouches, ce sera pour demain. La culpabilité, c'est pour tout de suite. Toujours en train de reporter à plus tard sans même chercher de bonnes excuses. A quoi bon? Quand mon X reviendra ce soir, il saura au premier coup d'oeil et à mes yeux de chien battu que la journée est passée comme une flambée de bois trop sec. Pourtant, je me sens si bien quand je travaille. Ce matin encore, aux aurores, je me suis réveillée humide de mes peurs. Ma chemise de coton était trempée. Il était tôt, alors j'ai filé au salon espérant que ce réveil matinal annoncerait une journée de labeur. C'est souvent comme ça. Si je commence au petit matin, j'avance et je boucle ma journée. Il y a quelques années encore, je pouvais travailler toute la nuit et le jour suivant. Je tenais ce rythme des semaines durant notamment quand nous nous attaquions aux gros événements. Mais depuis l'incident, j'ai perdu mon élan, l'aisance, cette espèce d'inconscience qui me permettait de bosser sans filet, sans crainte. Le temps a toujours été mon meilleur ennemi. L'urgence me donnait des ailes, aujourd'hui, elle m'attèle. Et pourtant, je sais bien que le travail est la meilleure thérapie. Non pas oublier mais pour avancer et continuer la route. Ok je ne suis plus comme avant. Mais la vie est toujours là et les jours valent bien que j'y sois.
Je me connais. Tout feu tout flamme, je vais écrire souvent au commencement et puis reporter au lendemain. Prenons l'instant.