Première fois
Il y a des années que je reporte l'échéance du divan.Sans autre raison que mon incapacité à prendre soin de moi. La dépression est la maladie de mes désirs. Elle coupe les ailes et je la laisse faire. Comme on accepte une maltraitance. Imaginez. Vous avez très soif. L'eau est à portée de main. Il suffit de vous lever, de prendre un verre et de le remplir. Je n'ai pas bu depuis des années.
Ce truc là, si vous le laissez entrer, il s'installe et prend ses quartiers pour de longs mois parfois pire. Une fois dans la place, il fait parfois mine de dormir mais il oeuvre en silence. Ca vous ronge de l'intérieur, un peu comme ces parasites qui attaquent le bois. Un jour, vous voulez déplacer la vieille armoire de la Tante Jeanne, et le meuble s'écroule, disparait en petits tas de sciure. Voila. Moi, je vis portes ouvertes à tous les vents mauvais depuis si longtemps et j'attends, souvent résignée, la fin de mes mondes, ballotée d'angoisses en accès de panique.
Ce matin, à 10h30, était mon premier rendez-vous avec le divan de ma rebouteuse. Enfin, je me vante un peu: je ne me suis pas allongée. Nous avons convenu d'un jour et d'une heure. Et c'est parti pour un long tour du pays. L'important, c'est de participer. Voila.
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